Le 15 juin 2023 (OTTAWA) – Des scientifiques de tout le pays ont afflué à l’Université d’Ottawa ce mois-ci pour le congrès annuel de la Société canadienne des biosciences moléculaires (SCMB), qui portait cette année sur le métabolisme et ses implications pour le cancer. Alors qu’il s’agit habituellement d’un événement riche en activités et en émotions, l’ambiance parmi les jeunes scientifiques était plutôt morose, nombre d’entre eux s’inquiétant de leur capacité à poursuivre leur carrière au Canada.
« Je suis actuellement post-doctorant dans une université américaine et les possibilités offertes au Canada ne sont tout simplement pas comparables à celles des États-Unis», explique Matthew Berg, qui a récemment obtenu un doctorat au Canada. « Les subventions qui alimentent les laboratoires américains sont d’un autre niveau. Bon nombre des expériences qui constituent aujourd’hui l’étalon-or des biosciences sont plus coûteuses que jamais. Je me demande comment le système de recherche canadien résistera à long terme. Il est difficile de motiver la prochaine génération de chercheurs, de scientifiques et d’innovateurs lorsqu’ils vivent sous le seuil de pauvreté. »
Une étude récente publiée dans la revue Biochemistry and Cell Biology (https://cdnsciencepub.com/doi/10.1139/bcb-2023-0021), qui s’est penchée sur la réalité financière des étudiants canadiens diplômés, a révélé que 86 % d’entre eux éprouvent du stress et de l’anxiété à propos de leurs finances, tandis que 37 % s’inquiètent de leur capacité à payer leur loyer chaque mois.
« Les jeunes diplômés en sciences qui ont obtenu leur diplôme au Canada quittent le pays et sont recrutés par des universités internationales en tant que chercheurs postdoctoraux, associés de recherche ou professeurs en raison du manque de financement et d’opportunités dans notre pays, et cela doit cesser», a déclaré Hans-Joachim Wieden, professeur à l’Université du Manitoba et président de la SCBM.
« Le gouvernement fédéral doit augmenter le financement des trois agences de recherche qui fournissent les subventions de recherche grâce auxquelles la plupart des étudiants diplômés reçoivent leur financement », ajoute le Dr Walid A. Houry, professeur à l’Université de Toronto et vice-président de la SCBM.
La SCBM appuie la pétition en cours de Support Our Science (https://petitions.noscommunes.ca/fr/Petition/Details?Petition=e-4457), qui demande au gouvernement de verser aux étudiants diplômés et aux chercheurs postdoctoraux un salaire supérieur au seuil de la pauvreté. Nous demandons au gouvernement d’augmenter le budget des programmes de financement des trois organismes subventionnaires (Instituts de recherche en santé du Canada, Conseil de recherches en sciences humaines et Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie) d’au moins 10 % chaque année au cours des cinq prochaines années afin de mieux soutenir l’innovation et la prochaine génération de scientifiques.